LA ROCHE D’OËTRE

La Roche d’Oëtre est située en plein cœur de la Suisse Normande à la
limite départementale du Calvados et de l’Orne. La roche porte,
semble-t-il, un nom d’origine grecque : « Oëtre » qui
signifierait terre aride, brûlante, desséchée par le vent du Sud.
La notoriété de ce lieu ou plutôt de ce bout de rocher, c’est un
précipice vertigineux de 118 m de hauteur. Ce
vide permet d’observer les gorges boisées de la Rouvre, un torrent
capricieux qui coule en contrebas.

La Grande Roche, celle
que les
touristes et même les familiers viennent voir, prend deux visages
différents
selon que le point de vue est de l’Est ou de l’Ouest : d’un côté,
les
couches rocheuses qui montent légèrement vers le ciel donnent à
l’escarpement
l’allure d’une gargouille à tête de sphinx ; de l’autre, la paroi
prend la
forme d’un visage et a été dénommée, de longue date, le « profil
humain ».
Dans ce paysage
chaotique et
escarpé composé de hautes corniches surplombant le vide, d’immenses
bois de
chênes, de landes à bruyères où serpente un torrent fougueux, de
nombreuses
légendes se chuchotent encore dans la pénombre du jour. Si en chemin
vous
croisez quelques fées, nymphes ou naïades, ne soyez pas surpris :
c’est
certainement l’esprit des lieux qui vous gagne peu à peu…
La Roche d'Oetre a,
bien sûr,
son histoire. C’est tout d’abord celle de la grotte de la
« Chambre
aux fées », laquelle a caché divers brigands ou réfugiés :
vers 1615,
Georges Phillipart, faux monnayeur de Saint Aubert s’y dissimula avant
d’être
massacré au pied de la
Roche ;
en 1789, Fouasse de Noirville, seigneur de Ségrie-Fontaine, s’échappant
de son
château assiégé, s’y réfugia quelques jours ; enfin, en 1795, le
général
de Frotté, chef des chouans normands, s’y abrita également.
Enfin, le nouveau
pavillon
d’accueil de la Roche
d’Oëtre propose les services de point d’information, de boutique, de
restaurant-bar et d’espace muséologique. Cette récente réalisation de la Communauté de
communes
du Bocage d’Athis a pour mission de présenter au public les grands
sites
naturels des « montagnes de Normandie ». La Normandie a
bien ses
montagnes, certes les plus basses de France (417 mètres au
point
culminant : Mont des Avaloirs, Signal d’Écouves), mais aussi les
plus
anciennes (2 milliards d’années).
On y découvre
une flore et une
faune sauvages, représentatives de l’écosystème armoricain.
La Roche d’Oëtre est
un
promontoire de poudingue et arkose, composés de galets de quartz dans
une
matrice gréseuse. Ce dépôt détritique (540 millions d’années = base du
Cambrien) très particulier correspond au retour de la mer
(transgression) sur
les roches déformées à la fin du Précambrien (600 Ma), puis érodées et
replissées en synclinal (orogenèse hercynienne, 350 millions d’années =
Carbonifère).
Discordance du
Cambrien sur le
socle cadomien granitique (granodiorite d’Athis) : le contact avec
le
granite s’observe à l’Ouest du pavillon d’accueil, environ à mi-pente.
Histoire
géologique de la région
Dépôt
des sédiments du Briovérien supérieur (Précambrien final) entre -584 à
-540 millions d’années F Flysch
- Expansion du
bassin attestée par le volcanisme des basaltes tholéiitiques de Vassy
- Déformation
plicative de l’orogenèse cadomienne – plis isopaques orientés N 70° E.
Plissement daté par l’intrusion de la granodiorite d’Athis vers -540 Ma
F
auréole thermique de cornéennes et de schistes tachetés
- Erosion
- Dépôts des
conglomérats et grès pourprés. Les glacis de piémont de la pénéplaine
alors réalisée se réorganisent en tresses fluviatiles. Début du
Paléozoïque
- Transgression
marine du Cambrien inférieur
- Au Carbonifère
supérieur (vers -310 Ma), l’orogenèse varisque (hercynienne) se traduit
par des plis déversés au Sud
- L’érosion
fini-paléozoïque n’a laissé subsister que les synclinaux (zone bocaine
et de la Forêt
d’Auvray)
- Arrivée de la mer
au Jurassique. Dépôt de couches calcaires riches en coquilles
- Retrait de la mer
- Erosion et
encaissement des cours d’eau